Trouville Express #1 : Guinguette et douce mélancolie
Vous l’attendiez passionnément : la première entrée officielle de mon journal de bord est enfin disponible. Pour ceux qui nous rejoignent, j’ai été envoyé par la force et sous la menace au festival de cinéma Off-Courts Trouville. Votre mission, si vous l’acceptez, sera de m’accompagner dans mon épopée, via ces articles et sur les réseaux sociaux.
Le vendredi en fin de journée, à peine arrivé, je me dirige au Village. Il s’agit du coeur névralgique du festival, véritable carrefour où tout le monde se croise en permanence : les réalisateurs/trices et producteurs/trices des films sélectionnés, les intervenant(e)s en charge des ateliers de création, l’équipe du festival et puis bien sûr le public.
La soirée d’inauguration fut l’occasion de découvrir le jury de cette 19° édition, composé de cinq personnalités du cinéma : Claude Duty, réalisateur et scénariste; Sophie Dupuis, réalisatrice et scénariste; Charlotte des Georges, comédienne et chroniqueuse radio; Marie-Elaine Riou, directrice du festival Regard; et Pierre-Dominique Burgaud, auteur, parolier et producteur musical. Ils auront la lourde responsabilité de décerner la plupart des prix. Je dis bien la plupart puisqu’il en existe d’autres comme les prix par le jury critique et par le public, sans compter bien évidemment celui de mon coup de coeur personnel honorifique, remis par moi-même.
Après l’inauguration, plusieurs courts métrages « Made in Trouville » furent projetés, réalisés dans le cadre d’un échange de cinéastes entre le Québec et Trouville. Bref, le partage, la fraternité, la bonne humeur et l’accent québécois, que demander de plus ? Et bien un verre d’alcool à la Guinguette du festival, pour bien finir la soirée.
Samedi matin : les choses sérieuses commencent
9h30 : le Village est déjà rempli de monde pour la réunion de production des films dits « kino ». Ce sont des courts métrages entièrement réalisés en seulement 48 heures (certains en 72, quelles feignasses). J’assiste fasciné à ce rassemblement joyeux, qui m’évoque une partouze cinématographique géante où tout le monde collabore à une multitude de films. J’irai prochainement à la rencontre des équipes, pour vous faire découvrir cet univers si particulier.
Les projections des films en compétition ont débuté l’après-midi. Dans le programme France 1, deux courts métrages m’ont marqué : il s’agit de Chien bleu (Fanny Liatard et Jeremy Trouilh) et Pollux (Michaël Dichter).
Chien bleu est une magnifique parabole sur la liberté : c’est l’histoire d’un homme terrifié par l’extérieur et qui a peint tout son appartement et ses objets en bleu, pour se rassurer. Son fils – touchant Rod Paradot – subit un peu malgré lui la phobie de son père, qui va jusqu’à teindre les poils de son chien. Mais un chien bleu, ça attire l’oeil, surtout celui de la belle Soraya dont le jeune homme est amoureux… Le film déploie sa douce mélancolie par vagues chromatiques et sensorielles, et emporte tout sur son lumineux passage. Sa mise en scène aérienne, poétique et entêtante, est remarquable.
Pollux, quant à lui, est un court métrage dont la trajectoire évoque les grands récits mythologiques. Trois jeunes garçons, issus de la classe ouvrière et habitant dans une ville minée par la fermeture d’une usine, doivent retrouver la drogue d’un dealer, qu’ils étaient censé garder et qui a mystérieusement disparu. Le scénario aurait pu accumuler les poncifs, mais l’habilité de sa narration et la sincérité des très jeunes comédiens font décoller le film. Hanté par une musique planante qui annonce la fin d’une innocence perdue trop tôt, Pollux a la saveur crépusculaire de la fatalité grecque et construit une tension viscérale permanente.
En résumé, une (très) belle première journée, qui s’est achevée comme de bien entendu à la Guinguette.
Stay tuned !
Photo en Une : © Alexandre Lança.