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Le cœur de Pierre : au cœur d’un monde d’objets

Ce court métrage réalisé par Olivier Binder nous raconte l’histoire de Pierre, homme solitaire qui boit pas mal, fume pas mal, joue pas mal au poker en ligne, et dont on comprend qu’il a un jour eu une famille. Son existence est à la limite du sordide : son alimentation se compose essentiellement de gros steaks, il s’étouffe avec l’eau de son bain, et puis il boit pas mal, et puis il fume pas mal aussi. Jusqu’au jour où il décroche le gros lot au poker : il déménage donc dans une villa ensoleillée dans le sud, pour pouvoir se dorer la pilule tranquillou et ne PAS boire l’eau de sa piscine. Mais en s’éloignant des PMU et des HLM, Pierre ne fait qu’acquérir le statut moqué de nouveau riche. Son isolement se fait alors encore plus ressentir.

Le cœur de Pierre est une vraie bouteille à la mer qui témoigne du grand état de solitude de son personnage. Le bilan dressé de ce que sont les relations humaines aujourd’hui est rosse. La réussite du film tient dans le fait qu’Olivier Binder n’opère pas de réelle différence de mise en scène entre la réalité sociale d’une vie populaire et celle d’une vie plus élitiste : toutes deux sont triviales et placent les humains comme figurants dans un monde d’objets, et non l’inverse… Le très juste Raphaël Thiéry (déjà remarqué dans Rester vertical d’Alain Guiraudie) évolue dans un univers impersonnel où chaque objet du quotidien peut être interprété comme un signe de détresse extérieure : des photos de famille aux bières du supermarché, en passant par les steaks, sans oublier les Love letters du groupe Metronomy, hymne pop qui vient clore en toute ironie ce court-métrage réjouissant tant il est ravagé par sa désillusion !

En Une : Le cœur de Pierre ©Fenêtres sur courts

Le cœur de Pierre. De Olivier Binder. Avec Raphaël Thiéry. 19 minutes. Production : Les Films 13. Diffusé le 17 novembre 2019, dans le cadre de la compétition régionale de Fenêtres sur courts, la 24e édition du festival international du court-métrage de Dijon.


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