Mon cœur contre un Royaume, mon Royaume pour un cœur : La fin du règne Succession
La révolution a en fin de compte bien été télévisée, mais elle est finie. Succession, la bien nommée, est en effet terminée pour le plus grand désarroi d’une armée de fans conquis. Une fin qui semble sonner pour de bon le glas de la mythique Peak TV, matérialisée par l’annonce de la mutation de HBO Max en pleine grève des scénaristes américains, et qui laisse bien des cœurs brisés et angoissés par la perspective nébuleuse de “l’après”.
Alors, est-on vraiment condamnés à déplorer que “c’était mieux avant” ? L’histoire de l’humanité a-t-elle tourné son dernier chapitre de fiction en série avec le point final de cette saga familiale sans foi, ni loi, ni affection ? Rien n’est moins sûr. Tant qu’il y aura des hommes, avec ou sans majuscules, il y aura sans doute toujours des empires, ou du moins la tentation de chercher dans le pouvoir absolu et son expansion, le sens et la substance qui manque à nos interactions. Que les plateformes audiovisuelles décident, avec un sens du timing meta impressionnant, de mettre en pratique ce principe immuable, ne donne que plus de sel au constat fataliste de la série créée par Jesse Armstrong.
Aux Écrans Terribles, on s’est donc dit que ça valait bien un petit dossier. Florian Etcheverry creuse la question en se penchant sur l’ambivalence du point de vue porté sur la dynastie Roy, entre critique, empathie, ou apologie… Tandis qu’Amina Doumar explore de son côté la psychologie figée d’une famille qui porte en réalité le deuil depuis toujours, conditionnée qu’elle est à ne penser l’amour que comme le prolongement de ses transactions financières. Des réflexions passionnantes prolongées en spin-off sur le podcast Discordia, sur l’aimable invitation de François Cau. Bref, on n’a pas fini d’entendre parler des enfants Roy.
Crédits Photo : © HBO.