Vermines : La toile aux trousses
Suite à la déferlante de films de genre français ambitieux en salles ces derniers mois (Le Règne Animal, Acide, Gueules Noires ou encore Vincent doit mourir), on reste tout de même en manque de frissons viscéraux. Et surprise :Vermines est sans doute celui qui vous fera le plus flipper de ce prolifique et captivant cru hexagonal 2023. Un premier long métrage palpitant qui assume totalement son côté pop-corn movie.
Vivant avec sa sœur Manon (Lisa Nyarko) dans un appartement situé dans les Arènes de Picasso à Noisy-le-Grand, Kaleb (Théo Christine), lorsqu’il ne revend pas des baskets, s’occupe de ses bestioles exotiques installées dans les vivariums de sa chambre. Un jour, il récupère un spécimen d’araignée inconnu (et dangereux, mais Kaleb ne le sait pas encore, contrairement aux spectateurs) venu du désert et l’installe temporairement dans une boîte à chaussures. Mais lorsque l’arachnide s’échappe et commence à faire des petits à gogo, la situation s’envenime rapidement… Les habitants de l’immeuble se retrouvent alors confinés par crainte d’une invasion incontrôlable. Entre film de survie, d’action et d’épouvante, Vermines se joue habillement des genres et fourmille de références. De L’Exorciste (1973) de William Friedkin à Arachnophobie (1990) de Frank Marshall, en passant par Gremlins (1984) de Joe Dante, le réalisateur autodidacte Sébastien Vaniček s’amuse avec nos nerfs et notre aversion pour ces bestioles à huit pattes pour mieux nous faire frémir. La mise en scène ultra dynamique et terriblement efficace, entre caméra portée fluide, découpage soigné et un génialissime travelling arrière en spirale dans un couloir infesté qui restera dans les annales, Vermines ne lésine ni sur la création d’une atmosphère nerveuse et angoissante, ni sur les effets spéciaux, démultipliant les araignées à foison dans des tailles plus ou moins grandes pour notre plus grand (dé)plaisir. Si les protagonistes cèdent rapidement à la panique, le spectateur aussi et finira probablement, comme moi lors de la projection, recroquevillé sur son siège en ayant l’impression de sentir grouiller des pattes sous son pull.
Si certains fils scénaristiques sont présents seulement pour tisser une toile de fond et crédibiliser l’invasion du bâtiment, notamment la passion niche de Kaleb pour les créatures exotiques et l’embrouille peu utile avec son meilleur ami d’enfance Jordy (Finnegan Oldfield), Vermines déroule en réalité plusieurs niveaux de lecture et ne passe pas à côté d’un message sociopolitique. Le titre fait en effet référence aux araignées, grandes victimes de préjugés, mais aussi aux habitants des banlieues, comme l’explique Sébastien Vaniček dans le dossier de presse du film, ayant lui-même grandi en périphérie de Paris. Une population extra-muros qui trimballe son lot d’idées reçues, largement relayées par certains politiciens de droite (deux séquences impressionnantes dénoncent par ailleurs largement les violences policières). Pourtant ce n’est pas par ses messages sous-jacents, quoique nécessaires, que Vermines convainc, mais bien par les différents éléments qui en font autant un bon film de genre qu’un bon film de monstres. Assumant pleinement son côté pop-corn movie et s’autorisant même des sauts dans la comédie, le film est aussi divertissant que rythmé et l’implication de ses comédiens consolide l’ensemble, livrant chacun une prestation convaincante nous permettant de nous attacher à chaque personnage. Vermines est donc une bonne surprise pleine de générosité, quoique stressante, et originale quant à son choix de victimes et de dénouement.
Réalisé par Sébastien Vaniček. Avec Théo Christine, Lisa Nyarko, Jérôme Niel, Finnegan Oldfield… France. 01h43. Genre : Épouvante horreur. Distributeur : Tandem. Interdit aux moins de 12 ans. Sortie le 27 Décembre 2023.
Crédits Photo : © Tandem Films.