Trois raisons de découvrir « Sea Sparkle »
La rédaction des Écrans Terribles vous donne trois bonnes raisons de découvrir Sea Sparkle, premier long métrage de Domien Huyghe qui, s’il n’est pas sans défaut, nous rend curieux quant aux prochains projets du réalisateur belge.
LE PITCH : Lena (Saar Rogiers), jeune navigatrice de talent, perd son père dans un naufrage en mer. Elle est déterminée à prouver qu’une énorme créature inconnue errante dans les profondeurs est responsable de cet événement tragique…
Le deuil à hauteur d’ado’
Malgré un scénario convenu et prévisible, Sea Sparkle parvient à traiter subtilement le deuil filial vécu lors de l’adolescence. Alors qu’elle se sent entourée et protégée au sein du cocon familial, Lena perd tout repère lorsque son père disparaît. Elle s’engouffre dans le déni et la colère, tandis que ses proches tentent de faire leur deuil comme ils le peuvent. Isolée et se sentant parfois trahie, la jeune fille projette ses démons et sa profonde tristesse sur une créature fantastique venue des abysses. L’adolescente espère par ce biais sauver l’honneur de son père que certains pensent responsable du naufrage et de la mort de ses coéquipiers. Largement inspiré de l’histoire personnelle du réalisateur, qui a perdu son père à l’âge de quinze ans, Sea Sparkle interroge crûment la capacité à faire face à la brutalité d’un décès en capturant sans filtre ni jugement l’ensemble des phases émotionnelles par lesquelles passent sa jeune protagoniste, actant une enfance cassée, une perte colossale dont il va falloir apprendre et se relever pour continuer à avancer. Lena, malgré la compassion que l’on ressent pour elle, nous émeut souvent autant qu’elle agace parfois par ses réactions compréhensibles mais immatures.
Flirter avec le fantastique
Tout au long du film, on doute de la véritable existence de cette étrange créature aperçue par Lena lors de la cérémonie funéraire en pleine mer. Anéantie, Lena se réfugie dans l’imaginaire pour essayer d’encaisser cet événement tragique. Domien Huyghe vogue continuellement d’un récit adolescent à l’atmosphère réaliste à un film à suspens flirtant avec le fantastique. Si la mise en scène est souvent pantouflarde et peu subtile, en témoignent les nombreuses amorces qui spoilent plus qu’elles n’aiguillent le spectateur dans l’enquête de Lena, le final du film nous rattrape dans un instant suspendu et onirique qui est sans conteste la séquence la plus émouvante du long métrage. Les scènes aquatiques sont également intéressantes grâce à un travail sonore étouffé et enveloppant, amenant par petites touches du merveilleux à l’intrigue.
Saar Rogiers, éclosion d’une jeune comédienne
Outre Sverre Rous (révélé dans la pépite Dealer) que l’on est heureux d’apercevoir à l’écran malgré un rôle secondaire peu développé, c’est bien la prestation épatante de Saar Rogiers qui nous tient en haleine sur l’intégralité de Sea Sparkle. Moue boudeuse et tignasse blonde, la jeune comédienne donne toute son énergie à Lena, offrant sincérité et authenticité à ce personnage complexe traversé par une large palette d’émotions. La présence et la personnalité à l’image de cette jeune actrice en herbe irradient chaque plan, à tel point qu’on comprend aisément la réécriture des dialogues en amont du tournage en compagnie de Rogiers pour conserver la justesse et la vérité du personnage. Une jolie découverte.
Réalisé par Domien Huyghe. Avec Saar Rogiers, Lynn Van Royen, Sebastien Dewaele… Belgique, Pays-Bas. 01h38. Genres : Drame, Famille. Distributeur : Les Alchimistes. Sortie le 13 Décembre 2023.
Crédits Photo : © Les Alchimistes.