Tommaso by les ecrans terribles
Films

TOMMASO : Cauchemar à Rome

Tommaso, artiste autrefois enchaîné à ses addictions, mène désormais une vie rangée dans un luxueux appartement romain, avec sa femme et sa petite fille. Ses démons le rattrapent et, petit à petit, il sombre dans une folie paranoïaque destructrice causée par la jalousie. Une fiction filmée à la façon d’un documentaire, faussement organique, vraiment indigeste.

Dans Tommaso, la caméra se balade dans le cocon familial du personnage éponyme, au cœur d’un appartement Tour de Babel où l’on parle anglais, italien ou moldave. Cette dolce vita filmée avec un faux naturel intrigue, puis place le spectateur dans la situation inconfortable d’un voyeur. D’autant plus quand on sait que la jeune actrice qui campe le rôle de Nikki, l’épouse du personnage interprété par Willem Dafoe, est en réalité la femme de Ferrara. Une intimité qui nous plonge dans un quasi-triangle amoureux entre le réalisateur, son épouse et son acteur. Sans oublier la petite fille de Tommaso, Dee-Dee, avec qui il ne semble pas avoir de réelle complicité. Car les affres de la création, ça occupe. Ainsi Ferrara déploie tout au long du film ses préoccupations, ses angoisses… Pour exprimer son malaise, il insère des séquences extraites d’un télé-crochet ou cette effrayante vidéo dans laquelle un homme se fait attaquer par un ours. Après avoir posé ce décor tourmenté, Abel Ferrara plonge son alter-ego fictionnel dans des thérapies de groupe, des séances de méditation ou des cours d’art corporel, et, il faut le dire, il se regarde bien le nombril. Les fameux démons-du-créateur-en-mal-de-rédemption surgissent, sous la forme d’une jalousie maladive, qui annonce un final façon Truffaut dans La Peau douce.

Less obsessions du réalisateur transpirent à l’écran à travers un personnage de martyr enchaîné (crucifié) à ses passions et à ses vices, ainsi que par la représentation de jeunes filles d’une vingtaine d’années qui se prennent de désir pour un Tommaso quasi-sexagénaire. Des séquences peut-être fantasmées par le personnage dans une narration volontairement trouble… Mais qui mettent tout de même le spectateur fort mal à l’aise tant elles s’attardent sur les corps de ces jeunes femmes, qui ne sont à l’écran que des objets de désir au service des pulsions de l’artiste. Et même si Ferrara nous dépeint un personnage avide de renouer avec un élan vital et charnel, ces séquences ne trouvent que peu de justification. Dans un discours méta creux sur les affres de la création et sur l’impossibilité de sauver son personnage, Tommaso ne raconte finalement pas grand-chose. 

Tommaso. Un film d’Abel Ferrara. Avec Willem Dafoe, Cristina Chiriac, Anna Ferrara.. Film italien, britannique, américain. 1h55. Genre : drame. Distributeur : Les Bookmakers / Capricci Films. Sortie le 8  janvier 2020.

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