Charmed en blu-ray : les soeurs Halliwell sous le sapin pour Noël
À l’heure où le label Charmed réinvestit le petit écran avec un reboot très froidement accueilli par les spectateurs, la sortie en blu-ray de la série originelle fait redécouvrir à nos esprits nostalgiques la chaleur humaine propre aux programme télés de la fin des années 1990.
L’histoire, personne n’a pu l’oublier. Séparées depuis le mort de leur grand-mère qui les a pratiquement élevées, trois sœurs se retrouvent à cohabiter dans le manoir familial. Si les retrouvailles sont peu chaleureuses, les Halliwell vont vite devoir se serrer les coudes quand leurs pouvoirs magiques leur sont révélés et qu’une horde de démons se lance à leur poursuite. Prue, Piper et Phoebe, les « Charmed ones » détentrices du pouvoir des trois, devront jongler avec leur vie familiale, leurs peines de cœurs et les êtres malveillants de toute sortes qui rêvent de s’approprier leurs pouvoirs.
Née de l’imagination du prolifique producteur Aaron Spelling – Beverly Hills, Melrose Place, La Croisière s’amuse, L’Île Fantastique, vraiment, il était partout – Charmed a fait son apparition à l’époque où le fantastique familial avait le vent en poupe. Aux côtés de Buffy, Smallville et compagnie, la série s’est vite fait une place de choix, tant dans le coeur des fans que dans la Trilogie du Samedi de M6, décidément très en forme lors de ses choix de programmation. Durant huit saisons, les Halliwell, vite amputées de Shannen Doherty, ont répandu leur sympathie, leur bienveillance et (on ne va pas se voiler la face) une bonne dose de naïveté sur son audimat, faisant de la série l’une de ces intouchables quasi-incritiquables, même vingt après. Médire de Charmed face à un ancien adorateur est un pari risqué, tant la série a accompagné l’enfance (pour certains) ou l’adolescence (pour les autres) d’un grand nombre d’entre nous. Encore aujourd’hui, Charmed est une madeleine de proust, une icône phare de la Warner Bros qui la diffusait alors. Le genre de série qui se savoure caché sous un plaid, une tasse de chocolat aux marshmallow dans la main droite, la gauche posée sur le chat endormi sur nos genoux. Une oeuvre profondément inoffensive qui ne fera jamais de mal à personne (sauf à vos yeux lors des scènes d’effets spéciaux, déjà craignos en 1998), mais qui parvient à diffuser un sentiment de camaraderie et de fraternité chaleureux, et à distiller dans chaque épisode un féminisme bien moins bruyant et tapageur que sa cousine de 2018, pour qui la subtilité semble être une notion bien encombrante qu’on laisse traîner quelque part au grenier. À l’inverse de cette nouvelle-née, la première saison de Charmed, si elle n’est pas la plus passionnante des huit, démontre la maîtrise de son producteur-star pour introduire des héroïnes à la sympathie immédiate et renforcer ces liens fraternels qui donneront ses meilleures heures au programme. Une série du dimanche, donc, parfaite pour une après-midi cocooning quand la flemme ou la météo nous forcent à traîner sur le canapé. Car après tout, qu’on se le dise : il n’y a pas de mal à se faire du bien !
Le coffret :
Livrée dans un coffret 5 Blu-ray que nous ne pourrons pas détailler (nous ne l’avons pas reçu), la saison 1 de Charmed se trouve revigorée. Vingt années ont passé, mais le retravail gomme proprement ce décalage. Adieu le 4/3 vieillot, bonjour le 16/9 adapté à nos écrans. L’image est belle, lumineuse, et permet de redécouvrir, bien des années après, les qualités de la série. À commencer par l’interprétation de Shannen Doherty, Holly Marie Combs et Alyssa Milano (beaucoup d’entre nous n’ont, à coup sûr, j’avais entendu la version originale), qui ne bénéficiaient pas d’un tel écrin en 1998, mais aussi les efforts de décoration. Avec cette belle image, la majesté du manoir des Halliwell prend toute sa dimension. Dommage que les plans généraux sur San Francisco, ses rues et son Golden Bridge n’aient pu connaître le même traitement. Avec leur qualité digne d’une caméra SD (agrandie pour remplir l’écran de vos écrans plats), ces stock shots offrent des transitions aussi brutales que désolantes qui ternissent bien l’ensemble. À côté, même les effets spéciaux over-kitsch (que la HD n’épargne pas, évidemment) paraissent excusables. Après tout, blu-ray or not, dénaturer une oeuvre est un crime, et les fonds verts de Charmed font indéniablement partie de son charme “so 90s”. Moins justifiables, l’absence totale de bonus (difficile de penser qu’aucun contenu supplémentaire n’existe) et les fautes d’orthographe dans les menus tendent à confirmer la volonté de Paramount de sortir une édition blu-ray à la va-vite, histoire de coller symboliquement aux 20 ans de la série. Une pilule probablement dure à avaler pour les inconditionnels, mais qui ne devrait pas empêcher les grands nostalgiques de retomber non sans déplaisir dans les aventures rocambolesques des trois plus célèbres sorcières du petit écran.
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