PSSFF #1 : A vos marques, prêts, ridez !
Pour la cinquième année consécutive, notre rédactrice Camille Griner s’est rendue au Paris Surf & Skateboard Film Festival, qui s’est tenu du 21 au 24 Septembre à l’Entrepôt. Retour sur ses deux premiers jours de ride audiovisuelle sur grand écran dans le 14ème arrondissement de Paris.
Jour 1 : Et déjà un coup de cœur !
Comme toujours, je suis accueillie chaleureusement par l’équipe du festival à mon arrivée à l’Entrepôt. L’ambiance est bonne, les gens souriants et l’excitation se fait sentir en cette soirée d’ouverture. Après la présentation du jury, composé cette année de Maritxu Darrigrand, ancienne championne française de surf et co-créatrice de la marque ROXY, la journaliste cinéma Manon Marcillat et le réalisateur Simon Cahn, la compétition démarre en grandes pompes avec une première vague de courts métrages. Et c’est l’étrange mais non moins fascinant Rick Griffin, Interlude 01 Pacific Vibrations de Dave Tourjé et Steve Barilotti qui ouvre les festivités. Ce projet expérimental, porté par la voix off de l’illustrateur Rick Griffin himself, décortique l’affiche du film de surf Pacific Vibrations, réalisé par John Severson en 1970, et nous offre une balade ultra colorée des badlands du Texas au cap Point Conception en Californie. Le programme continue avec Axel de Tom Mull, mon premier coup de cœur de ce cru 2023. Explorant les thèmes de l’enfance et de la rébellion à travers le regard d’Axel, skateur, graffeur et musicien de 14 ans, ce coming of age capture des instants de vie touchants, et sa mise en scène flottante flirte par endroit avec celle si reconnaissable des œuvres de Terrence Malick. Une douceur poétique dont j’ai à peine le temps de me remettre que nous voilà embarqués en Afrique du Sud avec A New Wave de Sandra Winther. La réalisatrice brosse sur une quinzaine de minutes le portrait en noir et blanc du surfeur Michael « Freestyle » February et de son paternel, amoureux de l’Océan, qui se questionnent sur la représentation des surfeurs sud-africains à l’international. J’avoue avoir été tellement chamboulée par le projet précédent que j’ai eu du mal à me concentrer sur celui-ci, malgré son esthétique soignée et la relation complice des deux protagonistes qui irradie l’écran.
L’expérimental Skate Scratch de Wyatt Cunningham remet mes pendules à l’heure, capturant en split screen un groupe de skateurs réalisant des tricks impressionnants et un DJ qui crée l’entièreté de la bande sonore avec des sons de skateboard. Le génial A14 de Guillaume Rouan et Aurélien Bacquet est ensuite lancé. Projet doux-amer sur le quotidien du Barbès Surf Club, crew de surfeurs parisiens qui prennent dès qu’ils le peuvent l’autoroute A14, la plus rapide pour quitter Paris et l’une des plus chères pour retrouver la plage et les vagues, A14 est le petit OVNI de la soirée. Son autodérision sur ces surfeurs du dimanche « les plus détestés de France » fait mouche, et l’unanimité dans la salle. La soirée se termine avec l’étonnant Merry Kaliyuga d’Horace Martins, dont je ne suis pas certaine d’avoir capté le sens. Malgré de très jolies images et une musique enivrante, le court métrage enchaîne des séquences mystérieuses dont seul le cinéaste a le secret, trop bien gardé à mon goût.
Axel from Paris Surf & Skateboard Film F on Vimeo.
Jour 2 : Retour aux sources
Tandis que le soleil pointe discrètement son nez en ce deuxième jour de festival, la compétition de longs métrages est désormais officiellement lancée (et c’est bien plus attrayant que la météo) au Paris Surf & Skateboard Film Festival. La soirée débute à coups de musiques traditionnelles irlandaises avec Keep It A Secret, réalisé par Sean Duggan, retraçant les aléas des pionniers du surf de Dublin et de Belfast, qui vont s’entraider afin d’accueillir les championnats Eurosurf de 1972 malgré les conflits politiques qui déchirent le pays à l’époque. Par le biais d’images d’archives et d’entretiens captivants, Keep It A Secret transpire l’épatante force rassembleuse de cette pratique sportive en contant les aléas de la scène surf de l’île d’Émeraude désormais mondialement réputée, qui sévit sur ses côtes depuis le début des années 70. Période où les spots étaient par ailleurs encore inconnus des surfeurs internationaux. La soirée se termine avec le réussi Wade In The Water de David Mesfin, retraçant l’histoire méconnue du Black Surfing. Mêlant images d’archives, illustrations impressionnantes, récits historiques et témoignages contemporains, le film fait tomber les barrières raciales de la culture surf conventionnelle et livre un hommage percutant à ce mouvement actuel inspiré et inspirant pour les nouvelles générations. La tendance de la sélection de longs métrages cette année serait-elle celle du retour aux sources, une pensée reconnaissante et nostalgique à ceux qui sont à l’origine du surf quelles que soient les côtes pratiquées ? Nous verrons bien demain.
Crédits Photo : Keep It A Secret © D. R.