Camille Griner : « Passion procrastination. Passion séries. »
Ô 2020, je me rappellerai de toi sois-en certain, et je te quitte avec entrain pour 2021. Je pourrai dire à mes enfants que j’en étais lorsque cette année sera évoquée dans l’un de leurs cours d’Histoire. Et nous pourrons en rire à ce moment-là, espérons-le ! Les confinements et couvre-feux dont on ne voit plus le bout commencent à être longs, mais ces événements ont aussi été une formidable opportunité de me pencher sur mes projets personnels et les choses que je n’avais pas le temps de faire en temps normal. Cela a aussi (surtout) été un moyen de me retrouver face à moi-même, et de me connaître davantage. J’ai par exemple confirmé un trait de ma personnalité que je soupçonne depuis fort longtemps, à savoir la procrastination. Je me suis donc jurée de ne plus jamais dire que « je n’avais pas le temps » pour quoi que ce soit, puisque je n’en ai pas manqué en 2020. Et que ce qu’il me manque en réalité parfois, c’est simplement de la motivation, mais je le vis bien, ça va. Chaque chose en son temps, m’voyez.
Je n’ai pas non plus passé l’année à procrastiner attention, il y a juste eu des choses sur lesquelles j’ai eu plus de mal à avancer. Mes deux projets de courts métrages notamment. Parce que je n’ai aucune idée de quand je pourrai les tourner convenablement, et qu’après avoir entamé le découpage technique et le story-board de l’un d’eux au premier confinement, j’ai abandonné en cours de route en attendant que la situation s’améliore dans le monde, et dans ma tête. Je crains en interne que la préparation de ces projets soit bancale du fait de mon état d’esprit chamboulé par les évènements, et que ces préparatifs soient aussi par la suite à jamais associés à cette période si je m’y mets réellement. Cela entacherait à coup sûr le plaisir de les tourner, et j’y suis trop attachée pour prendre un tel risque – encore une excuse de procrastinatrice diront certains, mais c’est ainsi que je sens la chose. Le fait d’être confinée n’aide par ailleurs pas du tout ma créativité, et je me suis donc penchée sur le large panel de films et séries non vus pour ouvrir mes chakras audiovisuels. Et surtout me changer les idées.
Entre parties d’échecs et sessions sur Les Sims 3 (j’ai quand même fait vivre une famille sur six générations et compris le challenge du débusquage de Poisson Létal pour atteindre le niveau 10 de la Compétence Pêche, ce n’est pas rien !), je me suis ouverte davantage au monde des séries, entre autres. Jusqu’à présent, ce monde s’arrêtait à des séries vues à la télévision plus jeune, comme Malcolm ou La Petite Maison dans la Prairie, et plus récemment Peaky Blinders et Black Mirror en streaming. Je n’ai jamais manqué d’intérêt pour ce format mais j’ai longtemps eu la flemme pour être tout à fait honnête (procrastination bonsoir). Les séries à moult saisons m’avaient toujours rebutées, en raison du temps qu’il faut y consacrer et parce que j’avais il y a un an encore une préférence pour le cadre d’un film qui me fait entrer dans un univers le temps d’un soir, point barre. Les copains qui passaient deux semaines à revoir tout Game of Thrones en attendant la dernière saison – que j’ai trouvée fort bien par ailleurs, n’en déplaisent à certains et histoire de relancer le débat – étaient de véritables OVNIs pour moi. Mets-toi la trilogie du Seigneur des Anneaux si tu veux voir des bestioles légendaires, ça te prendra moins de temps. Mes proches, que je n’ai pour la majorité pas vu depuis si longtemps, vont me retrouver changée au sortir de cette crise sanitaire. Moi qui avais pour habitude de ne rien pouvoir rétorquer en la matière, sachez que j’ai changé de Level en un an (Niveau 3 de la Compétence Séries me dit un copain Sim). Mes verres se videront moins vite en soirée grâce à ce nouveau passe-temps, c’est évident. « It’s gonna be legen… Wait for it… Dary! », comme dirait l’autre.
L’an 2020 m’a donc permis de faire des rattrapages en tous genres, à savoir l’intégrale de Friends, de Game of Thrones, de How I Met Your Mother, de Breaking Bad, de Stranger Things ou encore de Dark. Autant d’œuvres de référence que je n’avais JAMAIS regardées. Il me saute aujourd’hui aux yeux que le format série permet un développement incroyable de personnages et d’univers. On s’attache, on s’agace, on compatit, on s’interroge, on rit et on pleure face aux (més)aventures de ces protagonistes suivis sur le long terme. Un attachement qui n’est pas aussi évident et puissant lorsqu’on regarde un film. Ma rencontre avec la famille Stark, Joey Tribbiani et Barney Stinson font partie des choses les plus réjouissantes qui me sont arrivées en 2020. Ma créativité n’a pas été boostée pour autant par cette expérience de plongée sérielle, mais ces rattrapages m’ont permis d’ouvrir mon esprit aux possibilités infinies qu’offrent ce format. Et qui sait, je me lancerai peut-être dans l’écriture d’une série en 2021… Cette année m’a également donné l’opportunité de découvrir Le Jeu de la Dame (évidemment), Sex Education, The Haunting of Hill House, Normal People ou encore la série Fargo, pour n’en citer qu’une poignée. Le fait d’être confinée m’a bien fait procrastiner sur mes projets personnels, mais pas sur ma soif de visionnage. J’ai donc pu concocter un petit top 10 de mes séries préférées de l’année pour la première fois de mon existence. Oui, oui.
TOP 10 FILMS 2020
1. The King Of Staten Island de Judd Apatow
2. Adolescentes de Sébastien Lifshitz
3. Le Cri du Faucon de Tyler Nilson & Michael Schwartz
4. Drunk de Thomas Vinterberg
5. Soul de Pete Docter & Kemp Powers
6. Antebellum de Gerard Bush & Christopher Renz
7. Le Diable, tout le temps de Antonio Campos
8. 1917 de Sam Mendes
9. Dark Waters de Todd Haynes
10. Le Cas Richard Jewell de Clint Eastwood
Mention Spéciale : Petite Fille de Sébastien Lifshitz
TOP 10 SÉRIES 2020
1. Dark (Saison 3) de Baran bo Odar & Jantje Friese
2. Le Jeu de la Dame de Scott Frank & Allan Scott
3. Normal People de Sally Rooney, Alice Birch & Mark O’Rowe
4. Sex Education (Saison 2) de Laurie Nunn
5. The Haunting of Bly Manor de Mike Flanagan
6. Tales From The Loop de Nathaniel Halpern
7. Validé de Franck Gastambide, Charles Van Tieghem & Xavier Lacaille
8. We Are Who We Are de Luca Guadagnino
9. The Great (Saison 1) de Tony McNamara
10. Unorthodox de Anna Winger
Mention spéciale à la double performance de Mark Ruffalo dans I Know This Much Is True de Derek Cianfrance (HBO).
Crédits Photos : Le Journal de Bridget Jones © Universal Pictures (Photo en Une) / Friends © D. R.
One Comment
Binet
Très belle plume ! Merci pour les propositions je prends note