Vincent Cassel en six rôles
Vincent Cassel. Un nom resté longtemps associé à des bandes annonces de films que mes géniteurs ne voulaient pas que je vois (j’étais trop jeune m’voyez) : La Haine, Irréversible, Sheitan ou encore Dobermann. Cassel rimait donc à l’époque avec interdit… Et frustration, forcément. La première fois que je l’ai aperçu, c’était dans Jeanne D’Arc (1999) de Luc Besson à l’âge de 10 ou 11 ans, et la première fois qu’il m’a marqué, c’était dans Notre Jour Viendra (2010) de Romain Gavras. J’ai depuis vu une bonne partie de sa filmographie, et malgré quelques erreurs de parcours, il est aujourd’hui un comédien qui me fascine par sa capacité à être aussi charismatique qu’agaçant dans bon nombre de ses prestations. Je profite donc de la sortie de Hors Normes cette semaine pour revenir sur six rôles marquants de ce comédien qui fut longtemps l’un de mes fruits défendus.
Vinz dans La Haine (1995) de Mathieu Kassovitz
Découvert sur le tard, ce film signe la deuxième fois où j’ai vu Cassel rasé – et je le préfère définitivement chevelu. Véritable cataclysme lors de sa sortie en salles, La Haine et son sujet sensible propulsent Vincent Cassel sous le feu des projecteurs. En endossant le rôle de Vinz, banlieusard à la soif vengeresse et au tempérament violent, le comédien décroche deux nominations aux César. Un film choc qui révèle au grand public un acteur caméléon !
Yann Le Pentrec aka « Dobermann » dans Dobermann (1997) de Jan Kounen
Une mise en scène à la violence stylisée, du sexe à gogo et des personnages fortement dérangés, Dobermann ajoute un nouveau projet controversé au compteur de Cassel. Le comédien prête ici son visage de fourbe au personnage principal de ce western urbain, chef de file d’une bande de braqueurs de banques et de fourgons. Si le film est loin de faire l’unanimité – j’en ai moi-même été marquée, mais peu emballée – le talent de Vincent Cassel, lui, ne peut être remis en cause.
Kirill dans Les Promesses de l’ombre (2007) de David Cronenberg
Sous la direction de David Cronenberg, Vincent Cassel s’affuble d’une mèche blonde et de son plus inquiétant sourire sous les traits de Kirill, fils unique d’un chef de la mafia criminelle russe et propriétaire d’un luxueux restaurant. Si son accent m’a au départ fait sourire, j’ai rapidement déchanté, puisque Naomi Watts (Mulholland Drive, King Kong) comme le spectateur sont mis à rude épreuve durant les cent minutes de ce thriller sanglant et terrifiant.
Jacques Mesrine dans Mesrine : L’Instinct de mort et Mesrine : L’Ennemi public n°1 (2008) de Jean-François Richet
Cassel n’a jamais eu peur des rôles antipathiques, ni de mettre à mal son aura de sex-symbol. Pour le diptyque sur le célèbre criminel français Jacques Mesrine, composé de L’Instinct de mort et L’Ennemi public n°1, l’acteur prend vingt kilos et livre une performance tout en justesse qui lui vaut, entre autres, le César du Meilleur acteur en 2009. Un César qui ne me fait pas oublier pour autant ce jeu de mots râté dans les dernières secondes de la séquence ci-dessous.
Thomas Leroy dans Black Swan (2010) de Darren Aronofsky
Acclamé à sa sortie, ce thriller psychologique américain sera auréolé d’une pléiade de récompenses dans les festivals internationaux. Face à la fragile Natalie Portman (Léon, Hesher), Cassel endosse le second rôle ambigu du frenchy Thomas Leroy, chorégraphe tyrannique de la troupe du New York City Ballet. Une nouvelle pierre à l’édifice des prestations dérangeantes du comédien dans un film qui, comme beaucoup, m’a longtemps hanté après visionnage.
Georgio Milevski dans Mon Roi (2015) de Maïwenn
2015 est une année très prolifique pour le comédien, à l’affiche de cinq films cette année-là : Partisan, Enfant 44, Un moment d’égarement, Tale of Tales mais surtout Mon Roi de Maïwenn, présenté au Festival de Cannes. Dans ce drame captivant, Vincent Cassel crève l’écran dans la peau de Georgio, bon vivant excessif qui s’avère être un amant des plus toxiques pour Emmanuelle Bercot (Polisse, La Tête Haute). Usant de son charisme et de sa tchatche, il parvient à rendre ce pervers narcissique aussi attachant qu’insupportable. Pour moi, sa prestation figure parmi les plus réussies du comédien.
BONUS : Vince dans Violence en réunion (2015) de Karim Boukercha
Pour terminer ce papier en beauté, je vous invite à (re)découvrir le très chouette court métrage Violence en réunion, dans lequel Vincent Cassel joue avec son personnage campé jadis dans La Haine. Une pépite qui fait renaître le temps d’un quart d’heure notre cher Vinz.
Crédits Photo : Partisan © ARP Sélection.