Cannes 2023 #9 I La Fille de son Père : Quand la perdrix bat de l’aile
Retour en demi-teinte pour Erwan Le Duc. Si on retrouve très vite les éléments gentiment loufoques qui ont fait la réussite du délicieux Perdrix, son premier film, on est un peu déçu de ne retrouver qu’une petite partie de sa finesse et de sa drôlerie. Après la fuite de sa mère quand elle était bébé, Rosa (Céleste Brunnquell) a été élevée seule par son père Étienne (Nahuel Perez Biscayart). Cet entraîneur de foot au caractère optimiste mais protecteur a dédié sa vie au bien-être de sa fille. De son côté, l’ado artiste peintre, indépendante et déterminée, est sur le point de devenir majeure et de quitter le nid afin d’intégrer les Beaux-Arts. Avec une appréhension teintée d’excitation, Étienne se prépare à cette nouvelle dynamique où il pourra enfin vivre avec son amoureuse, lorsque la mère de Rosa refait surface.
Si l’ensemble est enlevé et plaisant, et même ponctué de passages très drôles, le scénario tarde à dévoiler ses vrais enjeux et revêt un intérêt limité lorsqu’on les découvre. En concentrant son récit uniquement sur la relation filiale de ce duo finalement pas si farfelu, le réalisateur cloisonne une histoire qui aurait pu être enrichie par les nombreuses pistes amorcées en périphérie et dont l’issue est parfois expédiée. On pense notamment à l’engagement politique des deux parents, à l’histoire d’amour des deux ados ou encore aux apparitions de Noémie Lvovsky et d’Alexandre Steiger. Même le personnage d’Hélène, jouée avec un charme désarmant par l’inénarrable Maud Wyler, manque de consistance et n’existe qu’à travers le personnage d’Étienne. Notre attente était peut-être trop grande, tout comme la pression de s’attaquer à un nouvel opus après un premier film réussi et plébiscité. En résumé, La Fille de son Père ne manque pas de panache et reste résolument au service de la fantaisie, mais le résultat s’avère un peu décousu et certaines situations décontenancent plus qu’elles n’amusent. Notre fidélité est néanmoins inébranlable car malgré les maladresses, les qualités du film confirment tout le bien que l’on pense de ce cinéaste dont on attend le futur projet de pied ferme !
Réalisé par Erwan Le Duc. Avec Nahuel Perez Biscayart, Céleste Brunnquell, Maud Wyler… 01h31. France. Genre : Comédie dramatique. Distributeur : Pyramide Distribution. Présenté à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2023.
Crédits Photo : © Pyramide Distribution.