VOD : Notre sélection de Courts métrages
Les températures chutent à vitesse grand V et il est de plus en plus difficile de quitter nos couettes. Pour occuper votre week-end au chaud, nos rédactrices Liana Valken et Camille Griner vous ont concocté une petite sélection coups de cœur parmi les nombreux courts métrages en ligne.
L’Âge Tendre de Julien Gaspar-Oliveri
Diane (magnétique Noée Abita) est une ado de seize ans qui vit une relation fusionnelle avec sa génitrice Sophie (Marie Denarnaud). Souhaitant par-dessus tout être aimée au lycée comme à la maison, la jeune femme fait tout pour attirer l’attention et l’intérêt des autres. Elle n’hésite par exemple pas à montrer sa poitrine pour amuser les copains ou à masturber un camarade de classe dans les toilettes contre un simple regard. Provocatrice et prête à tout pour être au centre du monde, elle profite de l’absence de sa mère un week-end pour organiser une grosse party chez elle. En filmant la solitude d’un personnage féminin qui ne manque pourtant pas d’amour, Julien Gaspar-Oliveri dresse le portrait touchant d’une jeune femme en pleine perte de repères sans jamais la juger, et dont le désir d’émancipation (qui passe par l’auto-sexualisation constante de son être) se heurte au désir des hommes qu’elle n’assume finalement pas. Nommé aux César 2022, L’Âge Tendre captive par l’intensité de son actrice principale, ainsi que par ses plans qui subliment à chaque instant les regards croisés d’une jeunesse insolente repoussant toujours ses limites.
Camille Griner
Lien : https://www.arte.tv/fr/videos/087853-000-A/l-age-tendre/
Les Démons de Dorothy d’Alexis Langlois
Les démons de Dorothy, d’Alexis Langlois, est sorti cette semaine au cinéma en séances spéciales. Si vous l’avez raté sur Arte, il reste disponible sur la plateforme VOD de Shellac. Lauréat du Léopard d’argent au Festival de Locarno, le film nous plonge la tête la première dans un univers coloré, explosif et excessif. Dorothy, jeune scénariste au RSA, s’y voit refuser son scénario par une productrice démoniaque, qui ne cherche que les films à succès. Trop excentrique, trop féministe, trop de personnages lesbiens : sous l’avalanche de reproches, la jeune fille sombre progressivement dans le délire. S’en suit alors une course-poursuite fantastique, faite de couleurs irisées et de personnages aussi étranges qu’attachants. Le réalisateur reprend à son compte l’univers de Buffy contre les vampires, dans la lumière rose d’une chambre d’adolescente, pour en proposer une relecture renversante : une explosion du bon goût, des compromis, des normes hétérosexuelles – et des normes en général. Drôle, énergique, sans demi-mesure : un manifeste libre et inventif, dont on ressort électrisé.
Liana Valken
Lien : https://shellacfilms.com/vod-abonnement/les-demons-de-dorothy
Love Hurts de Elsa Rysto
Love Hurts nous conte les premiers émois explosifs entre Sam (Noée Abita), une adolescente réservée et discrète, et Troy (Andranic Manet), un bad boy ultra-violent insensible à la douleur. Lentement mais sûrement, Sam se laisse entraîner dans le monde de son premier petit ami, où se mêle constamment amour et coups de poing. Véritable hommage aux teen movies américains dans un décor 100% normand, la réalisatrice s’amuse à en reprendre tous les codes : typographie du générique, séquences au stade du lycée, slow motion sur le gang de Troy semant la terreur dans les rues, bande originale so rock’n’roll et dégaines grunges qui rappellent inévitablement les nineties. Un cocktail éclectique bourré de pop culture qui n’est pas sans rappeler Grease (1978), Funny Games (1997), Elephant (2003) et parfois Orange Mécanique (1971). Love Hurts (comme son titre l’indique) nous présente l’amour comme quelque chose qui fait et doit faire mal, incarné par un groupe d’adolescents complexes et nerveux qui poussent à leur paroxysme les limites de la raison et du sentiment amoureux, le tout sur l’entêtant I’m Not A Juvenile Delinquent. Punk à souhait.
Camille Griner
Lien : https://www.arte.tv/fr/videos/100883-000-A/love-hurts/
Le Sang de la Veine de Martin Jauvat
Simon a rendez-vous avec Chloé. Réalisé par Martin Jauvat, Le sang de la veine est une histoire simple : celle d’un date Tinder. Dans une maison aux lumières bleutées inquiétantes, qui donnent le ton au film, ils apprennent à se découvrir. Chloé est trop entreprenante ; Simon est timide, un peu à l’ouest. Le huis clos drôle et émouvant, aux couleurs d’un autre monde, nous plonge droit dans l’intimité des deux jeunes amoureux. Dans des circonstances à priori cauchemardesques – en présence de toute la famille, dans un cadre glacial -, on observe la naissance d’un lien. Alors les couleurs se réchauffent petit à petit, et laissent la place à l’intime, qui prend forme sous nos yeux. Un vrai coup de cœur.
Liana Valken
Lien : https://www.arte.tv/fr/videos/101835-000-A/le-sang-de-la-veine/
Crédits Photo : L’Âge Tendre © D. R.