Florian Etcheverry : 2021, ou comment je devins Jean Las (des) Salles
L’année 2021 s’est soldée de mon côté par une drastique baisse des films vus en salle comme des nouvelles séries. Ma curiosité me poussait vers les nouveautés sur les mêmes chaînes américaines (Adult Swim, Comedy Central), mais j’ai commencé finalement assez peu de séries et j’en ai terminé encore moins.
La réouverture des cinémas en mai et sa ribambelle de nouveautés avait de quoi augmenter ma motivation. Mais le manque de temps pour m’organiser des marathons cinéma a entamé mes ardeurs, au point où j’ai eu du mal à atteindre les 30 films vus en salle en fin d’année, soit la moitié des années non-pandémiques. C’est une des premières années où je découvrais l’existence de certains films qu’au moment de voir leurs bandes-annonces en salles, mais très peu d’entre elles m’ont vraiment donné envie de les découvrir. Ma plus grande honte de cinéphile est de n’avoir pas dressé un listing de sorties SVOD sur Amazon Prime ou AppleTV+, ce qui m’a conduit à passer à côté de choses intéressantes. Si mes méthodes restent souvent les mêmes pour ne pas louper de films, à savoir éplucher les séances sur AlloCiné, j’ai de plus en plus de mal à consacrer mon temps libre au cinéma. J’ai l’impression claire de devoir systématiquement caler des séances de films en fin de carrière, qui se retrouvent à passer trop tôt ou trop tard (on te voit Petite Maman qui a fini sa carrière parisienne à 9h20 en séance unique à Beaubourg). Ce qui a eu pour effet de baisser drastiquement ma persévérance en été comme en automne. Mes autres angles morts de découverte concernent les sorties directes sur les plateformes de VOD à l’achat : mes multiples abonnements aux plateformes et ma carte illimitée me donnent moins envie d’aller les découvrir. Sans compter qu’une grande partie du line-up Warner Bros et des films primés comme Saint Maud ont été revendus pour diffusion en France sur Canal +, ce qui a eu pour effet de me faire louper de potentiels temps forts, à l’exception de Judas and The Black Messiah, que j’aurais voulu voir en salles.
Comme en 2020, ma tendance à voir beaucoup de séries animées, la plupart anciennes, s’est poursuivie. En réalité, je n’ai suivi qu’une poignée de séries, beaucoup se trouvant Disney +, toutes étant décevantes à l’exception notable de WandaVision. J’aurais souhaité avoir un peu plus d’intérêt pour des programmations de séries françaises comme Germinal, mais l’envie m’a passé, ce que je ne saurais expliquer. Plus que ma curiosité naturelle, 2021 a surtout entamé ma patience face à des propositions que je ne trouverais pas assez rythmées. Je suis devenu hermétique au format 60 minutes, à quelques exceptions près comme The Nevers, où j’ai été intrigué par la proposition et la tentative de bâtisse d’un univers original. J’ai eu de plus en plus de mal à terminer les saisons démarrées, tout en prenant la mauvaise habitude de ne pas noter ce que j’avais vu. Suivre mes envies plutôt que l’actualité a neutralisé mon FOMO télévisuel (Fear of Missing Out, rattraper quelque chose ou raccrocher les wagons d’une diffusion de peur de louper quelque chose, hello Succession, sans rancune!). Une série comme Mare of Easttown, malgré son pedigree, illustre bien ce paradoxe. Plus que la peur de louper des programmes, c’est surtout la peur du décrochage qui a paralysé mes envies en 2021.
Crédits Photo : Mare of Easttown © HBO.