Off-Courts, 20ème / #2 / Le grand confort
Mesdames, Mesdemoiselles, Mesdemoiseaux, Messieurs, Enfants, Vieillards, Cinéphiles, Critiques, Professionnels, Amateurs et autres Saltimbanques à trois têtes, bonsoir, bonjour ou « bon matin » comme le disent si bien nos collègues Québécois. Vous l’attendiez ou non, voici sans plus tarder le deuxième billet de mes impressions trouvillaises. Une promesse étant une promesse, aujourd’hui nous nous pencherons sur quelques courts métrages en compétition.
Un fauteuil de cinéma bien confortable ?
Ce lundi est la journée idéale pour tester le confort du Cinémobile, à l’abri de la grisaille et de la pluie. Je ne sais pas vous, mais moi je trouve qu’il vaut mieux contempler un plan de pluie sur un carreau (tel qu’on a pu en voir dans Le cortège, à l’image somptueuse), tout en entendant la flotte tomber sur le toit du cinéma… plutôt que de passer la journée trempé jusqu’à l’os, dehors, sans voir aucun film ! Logique. Un vrai argument en faveur de la cinéphilie.
Bien assis dans mon fauteuil de cinéma, je me crois à l’abri de tout. Mais c’était sans compter sur le premier film de ma journée, Une sœur, vu dans le cadre d’une projection « Europe et francophonie ». Le court métrage de Delphine Girard retrace en temps réel un appel d’urgence émis par une jeune femme à bord de la voiture d’un homme violent. Le dispositif est simple mais très efficace, il n’y a quasiment que deux plans dans tout le film : l’un dans le dos de la femme en danger, instable et à moitié dans l’ombre, et qui nous fait ressentir son état d’insécurité extrême. L’homme au volant de la voiture, en hors champ, nous glace par son absence. Le second plan est celui de la femme qui répond à l’appel et dirige l’opération de sauvetage : par cet habile gros plan sur son visage, nous embrassons émotionnellement et physiquement son engagement. Comme elle, cet appel restera gravé dans notre mémoire, et nous sommes encore tout tremblants une fois celui-ci terminé.
Alors que je me pose la question de mon état émotionnel en fin de projection (que se passera-t-il si tous les films sont de cette trempe ?), je suis rassuré : la tension redescend par la suite.
Mais ce n’est pas non plus exactement le moment de se détendre : les deux derniers courts métrages, Super comfort (ironie dès le titre) de Kirsikka Saari et Natural Paul de Sam Tibi excellent tous les deux dans la mise en scène de la gêne entre individus. Le premier me déroute : l’inconfort se trouve dans le quotidien et les rapports familiaux, et paradoxalement la chaleur humaine nous attend au détour d’un supermarché. Libre à chacun d’en tirer sa propre conclusion.
Le second, dans un registre bien plus comique, gère parfaitement le malaise créé par les silences entre deux jeunes londoniens, coincés entre leurs deux amis au cours d’une gênante soirée, pour tisser lentement mais sûrement une maladroite idylle. Ouf, heureusement que les british sont là pour détendre l’atmosphère à grands coups de cups of tea !
Allez, on se retrouve demain avec de nouveau du contenu sur la vie du festival, et OF COURSE (j’ai promis d’insister sur ce jeu de mot), de nouvelles impressions sur les films en compét !
Ah oui, et il y a aussi un autre film vu aujourd’hui dont j’ai très envie de vous parler… Mais j’en garde sous le coude pour maintenir le lectorat en haleine pour la suite (un vrai cliff-hanger!).
À très vite !
Photo en Une : ©Hugo Bouillaud