Trouville Express #4 : Nudisme et remise de prix
Mes chers compatriotes, me voilà déjà à Trouville depuis 4 jours. Toujours séquestré par l’insatiable équipe des Ecrans Terribles, et sans aucune possibilité d’échappatoire, je suis encore et toujours pris en otage au Village du festival Off-Courts, contraint de vous faire vivre l’évènement, comme si vous y étiez, sur les réseaux sociaux et via ce journal de bord.
J’ai bien tenté à un moment de m’échapper, mais Samuel Prat (directeur du festival) a lancé ses sbires à ma poursuite, qui m’ont rattrapé en me plaquant au sol, au moment où je montais dans le train. Contraint et contrit dans la douleur et l’indignation, voici donc le récit de ma quatrième journée. Le Marché du film, ouvert depuis lundi, attire comme nous l’avons vu précédemment de très nombreux professionnels, ce qui fait de Trouville la grande rentrée des classes du court métrage. Un flot continuel de personnes du monde entier est donc venu grossir les rangs déjà fournis des équipes des films Kino, de celles des films en compétition et du public. Le Village devient un carrefour culturel, un singulier melting-pot, une fourmilière attachante où chacun vaque à ses occupations avec le sourire.
Alors que le soleil est éclatant, je m’enferme une nouvelle fois dans le Cinémobile pour le programme de compétition « Europe et francophonie 2 ». Un court métrage se distingue des cinq autres (tous plutôt bons) : il s’agit de Vihta de François Bierry, film belge racontant une journée de team building entre cinq collègues venus se relaxer dans un centre thermal nudiste. Le scénario aurait pu se contenter d’aligner quelques séquences paresseuses – les zizis à l’air, c’est toujours drôle – mais le propos du film, d’une acuité acide, se dessine au fur et à mesure. Sous couvert de situations drolatiques, Vihta raconte comment le management d’entreprise a évolué, la main de fer dans un gant de velours, prônant le bien-être au travail à condition d’y être absolument productif. C’est le capitalisme et l’individualisme « sexy » du développement personnel intéressé qui y est épinglé. La douceur sucrée n’enlève rien à la verticalité de la hiérarchie d’entreprise, et les employés, au lieu de se réjouir d’une journée de relaxation, ont surtout peur de désobéir aux injonctions de bonheur du patron. Pour sa finesse d’analyse et sa résolution, Vihta est sans aucun doute l’un des meilleurs courts métrages vus cette année à Trouville.
La soirée a été consacrée à la remise du prestigieux prix France Télévisions du Jeune Producteur. Il récompense une jeune société qui s’est illustrée dans la compétition d’Off-Courts de l’année dernière et qui a prouvé la cohérence et la dynamique de son parcours. Le lauréat, Bien ou Bien Productions, a notamment produit le court métrage Maman(s) de Maïmouna Doucouré, César du Meilleur Court Métrage en 2017.
Say tuned !
Photo en Une : (c) Festival Off-Courts 2018