Séance spéciale cannoise : Le Pape François – Un Homme de Parole
Le documentaire de Wim Wenders consacré au Pape François s’enlise dans un mysticisme fade, dénué de véritable parti pris esthétique.
L’humanisme pétri de bonnes intentions de Wim Wenders trouve ses limites dans ce nouveau projet lénifiant. Véritable prosternation sur l’autel d’un pape autoproclamé révolutionnaire et défenseur des faibles, François – dont le vrai nom est Jorge Mario Bergoglio – et qui a officié longtemps dans son Argentine natale. Le film se découpe en un assemblage d’interviews face caméra sans relief, où le charisme du personnage n’efface pas la pauvreté de la mise en scène et l’absence de diversité – peu d’autres protagonistes prendront la parole. Un Homme de Parole s’adresse surtout à un public américain (le film est produit par Focus Features, qui peut assurer une carrière américaine probante) et athée afin de le convaincre du rôle déterminant du Vatican. Si la Terre est en danger, ce dernier sera toujours du côté des plus faibles tout en faisant vœu d’austérité pour ne pas être confondu avec une principauté ou un paradis fiscal, c’est selon. La reconstitution des faits d’armes de Saint-François d’Assise, tout en monochrome tranchant, reste la seule trace de mise en scène de Wenders, qui préfère les images sorties du press pool où le Pape rencontre tour à tour les Philippins, les Argentins des bidonvilles et émeut les membres du Congrès américain aux larmes. Ajoutons deux séquences sans aspérité rappelant ses appels à une tolérance timide envers les couples LGBTQ+, persécutés des millénaires durant, et le clou est bien enfoncé dans la tête d’un festivalier cannois qui ne demandait pas tant d’illumination.
Réalisé par Wim Wenders. Sélectionné en séance spéciale, Festival de Cannes 2018. 1h36. Sortie le 12 septembre 2018.