La Quinzaine Express : Les Oiseaux de Passage, le vent l’emportera
Virée dans le désert colombien avec Les Oiseaux de Passage, long métrage réalisé par Ciro Guerra et Cristina Gallego. Un western à la fougue mythologique, loin des narcothrillers sans envergure.
En s’attaquant à une des histoires originelles du développement du trafic de marijuana et de cocaïne, développée sur près de 15 ans, Ciro Guerra et Cristina Gallego n’en étaient pas à leur coup d’essai. Ils sont habitués de la Quinzaine, où ils ont présenté en 2015 le troublant L’Étreinte du Serpent, un voyage initiatique “au bout de l’enfer”, pour les tribus autochtones de la forêt amazonienne. Les Oiseaux du Passage traite de la corruption des indigènes, qui poussés par l’attrait du business, en viennent à mépriser le mauvais sort. Guerra et Gallego délaissent le noir et blanc pictural de L’Étreinte du Serpent pour la couleur poussiéreuse du désert colombien. Des liens unissent pourtant les deux films : une proximité avec le film noir, contrasté par un certain sens de l’humour et des personnages hauts en couleur, et l’utilisation d’un 1.85 pour la réalisation de panoramiques vertigineux. Car Les Oiseaux de Passage, c’est, indubitablement, un western en pleine pampa colombienne qui déchire les amérindiens entre leurs traditions et la production de cannabis pour le compte de gringos avides. Raphayet, un ambitieux Wayuu (du nom du peuple amérindien), paie la dot de son mariage avec la fille de la chef du clan, et s’acoquine avec Moises, à la dégaine d’un Richard Pryor dégénéré. Peu à peu, Raphayet va succomber à la violence et sacrifier ses principes. Loin des narcothrillers à la petite semaine, la fougue mythologique et les séquences virevoltantes de Ciro Guerra ont offert une belle ouverture à la 50e Semaine.
Réalisé par Ciro Guerra et Cristina Gallego. Scénario : Maria Camila Arias, Jacques Toulemonde. Colombie. 2h05. Distributeur : Le Pacte. Sortie le 19 septembre.